Economie

L'industrie pharmaceutique en France : emploi et localisation

24.01.23

L'évolution des effectifs salariés dans l'industrie pharmaceutique

Une croissance de l’emploi en 2020 en dépit de la crise sanitaire
Avec 99 310 salariés*,l’emploi dans l’industrie pharmaceutique poursuit, en 2020, sa légère croissance, de l’ordre de 500 unités. La dynamique d’emploi du secteur s’inscrit dans une tendance assez stable depuis 2014, après un fort recul constaté dans les années qui ont suivi la crise financière de 2008 (2008-2013).
L’industrie pharmaceutique suit, en 2020, une trajectoire de l’emploi favorable (+ 0,5 %) démontrant sa résilience en période de crise sanitaire, quand le reste de l’industrie baisse de 1,2 %.

* L’estimation de l’évolution des effectifs est réalisée à partir des réponses effectuées par les entreprises ayant répondu à l’enquête Emploi-Salaires du Leem en 2020. Elle comprend tous les types de contrats mais exclut les intérimaires, qui sont des salariés des entreprises de travail temporaire.
La série a été rétropolée pour les années antérieures à 2006.

 

 

L’emploi dans la branche  professionnelle de l’industrie pharmaceutique

La branche professionnelle, qui rassemble tous les établissements appliquant la convention collective de l’industrie pharmaceutique et identifiée par le code 0176, déborde du champ strict du secteur.
Ainsi, elle compte également des unités (filiales, établissements secondaires…) dont l’activité principale relève de la répartition pharmaceutique, de la R&D spécialisée, des sièges sociaux des fabricants ou d’autres spécialités en lien avec l’activité des laboratoires. Les données fournies par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur les dernières années disponibles estiment les effectifs de la branche professionnelle à 130 100 salariés au 31 décembre 2019.

Panorama des entrées et sorties d’emploi

Une dynamique de recrutement qui se poursuit en 2020
Les entreprises du médicament ont embauché environ 11 400 personnes en 2020, dont près de 42 % en contrat à durée indéterminée (CDI), soit un niveau proche de celui observé en 2019 (environ 5 100 entrées). Les entrées en CDD, environ 3 000, progressent légèrement par rapport à l’année dernière.

Une majorité de recrutements en production en 2020
Selon les repères sur l’emploi du Leem, 29,8 % des recrutements en 2020 ont été faits sur des métiers de production, puis viennent les fonctions administration (28,6 %), la famille promotion et commercialisation (18,6 %), et enfin la R&D (11,6 %).

Des emplois de plus en plus qualifiés et des compétences rares
La complexité croissante des disciplines scientifiques, le développement de nouveaux champs de recherche (biologie moléculaire, génomique, protéomique...), le renforcement des exigences de qualité et de la réglementation, les évolutions technologiques, la mondialisation de l’activité et l’intensification de la concurrence conduisent à une élévation globale du niveau de qualification des hommes et des femmes employés dans l’industrie du médicament et à un besoin de nouvelles compétences.
Se développe, par exemple, un besoin croissant autour des métiers de la qualité, du réglementaire, de la pharmacovigilance, de l’information médicale, de la maintenance et de la donnée en santé.
Le niveau de qualification dans les entreprises du médicament est élevé : plus de 58 % des salariés appartiennent à un niveau supérieur ou égal au groupe 6 de la classification de la convention collective, qui admet 11 groupes d’emplois.

Une hausse des sorties d’emploi
En 2020, 18 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été annoncés en France, impactant 2 000 postes. En 2019, 1 966 postes étaient impactés par 10 PSE.
Le secteur du médicament connaîtra plus de 4 200 départs à la retraite d’ici à 2025 (4,3 % des effectifs), auxquels s’ajoutent près de 11 000 départs (11 %) liés au turnover naturel. Cela pose la question du renouvellement des effectifs à terme.
 

Un poids significatif des régions dans le tissu économique

Six bassins d’emploi représentent approximativement 80 % de l’emploi en France : en 2020, 30,2 % des salariés de la branche sont localisés en Ile-de-France ; 16,8 % en Auvergne-Rhône-Alpes ; 10,3 % en Normandie ; 8,9 % en région Centre-Val de Loire ; 6,5 % dans le Grand Est et 6,5 % dans les Hauts-de- France.

 

Une évolution de l’emploi différenciée selon les activités

En 2020, on constate une forte progression des effectifs de la branche information médicale et réglementaire (+2,9 %) et des fonctions support (+3,1 %), tandis qu’une baisse est observée pour ceux de la R&D (–3,7 %). La baisse des effectifs de R&D est cependant à nuancer. Ceux-ci avaient fait l’objet d’une forte progression en 2019 (+ 4,4 %).
Ces variations s’expliquent par le transfert progressif des activités de recherche vers les biotechnologies, au détriment des médicaments chimiques.

Atouts pour l’innovation et l’économie : des effectifs de R&D et de production importants

Plus d’un emploi sur trois dans l’industrie pharmaceutique relève des activités de production
Cette famille de métiers concentre la majorité des emplois sur le territoire français, alors même que toutes les entreprises ne produisent pas en France. La proportion des emplois liés aux activités de production grimpe à près d’un emploi sur deux (44 %) si l’on inclut ceux de la famille Qualité Environnement Hygiène et Sécurité, très proches de la production.
La promotion et la commercialisation, les fonctions support et la R&D sont les trois autres familles de métiers qui représentent plus de 10 % des emplois en France. Pour autant, l’emploi en recherche et développement est fragile, car les effectifs se concentrent sur un petit nombre d’entreprises, et la tendance au développement de partenariats externes de recherche et de transfert d’activités de R&D vers des pays plus attractifs — notamment en termes de maillage entre public et privé, et d’accès au marché — s’accentue.

 

 

La production de médicaments créatrice d’emplois qualifiés

La France est historiquement un grand producteur de médicaments, secteur qui constitue une richesse dans l’économie nationale et régionale. En 2020, 35 171 personnes occupent un emploi en production, ce qui représente 35 % des effectifs. La production demeure la famille de métiers la plus importante.

Un secteur professionnel fortement féminisé

Avec un taux de féminisation des emplois de 56,3 % en 2020, l’industrie pharmaceutique fait partie des rares secteurs industriels dans lesquels la proportion de personnels féminins est majoritaire.
Le taux de féminisation des emplois s’établit à un niveau élevé quelle que soit la taille de l’entreprise. Le ratio atteint néanmoins sa valeur maximale (63,8 %) dans les entreprises de moins de 200 salariés.
La proportion de femmes dépasse 62,0 % dans les groupes 6 à 8 de la classification des emplois de la branche et reste élevée dans les autres catégories d’emploi.

Le vieillissement de l’emploi industriel concerne aussi l’industrie pharmaceutique

L’âge moyen des salariés en 2020 est de 44,6 ans et continue de progresser même si le rythme de vieillissement ralentit légèrement à raison de 1 an tous les 4 ans. En effet, l’âge moyen était de 41,4 ans dix ans auparavant. L’âge médian atteint 46 ans.

Une amélioration de l’emploi des seniors

Les salariés de plus de 50 ans représentent 35,4 % des effectifs (35,1 % en 2019, 33,5 % en 2018 ; 31,7 % en 2017 ; 30,5 % en 2016), répartis de la manière suivante :
• de 50 à 54 ans : 17,3 % de l’effectif branche ;
• 55 et plus : 18 % de l’effectif branche.
On recense 965 recrutements de seniors de 50 ans et plus en 2020 (au même niveau qu’en 2019), ce qui représente 12,5 % des embauches en CDI et CDD réalisées par les entreprises du secteur.

Les entreprises du médicament s’engagent pour renforcer l’emploi des jeunes

Avec la signature d’un accord de branche en faveur de l’insertion et l’emploi des jeunes le 1er juillet 2021, les entreprises du médicament ont marqué leur engagement en faveur du recrutement de jeunes de moins de 30 ans.
L’alternance est un formidable levier pour l’accès à l’emploi et l’insertion durable des jeunes. C’est aussi l’occasion pour nos entreprises de développer le tutorat et d’accentuer la transmission des compétences, en donnant tout son sens à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, et d’apporter une réponse à certaines difficultés de recrutements constatées ces derniers mois.
Les entreprises du médicament accordent donc une place importante aux jeunes : en 2021, les jeunes de moins de 26 ans représentent 16,3 % des recrutements en CDI et CDD, et 2,9 % des salariés ont moins de 26 ans.

Par ailleurs, le nombre d’alternants a continué sa forte progression dans nos entreprises : 8 950 alternants ont été formés par une entreprise de l’industrie pharmaceutique en 2021, soit une progression de 19 % par rapport à 2020, année déjà exceptionnelle pour la formation de jeunes via l’alternance.
Pour le jeune, l’alternance devient la voie d’accès privilégiée vers un emploi durable dans les entreprises du médicament.

Une volonté de faciliter l’emploi des personnes en situation de handicap via une structure paritaire

En 2020, 250 entreprises sont mobilisées et engagées pour l’emploi des personnes en situation de handicap. Le taux d’emploi des travailleurs handicapés est en progression constante et a triplé en onze ans : de 1,35 % en 2009, il atteint pour la première fois 4 % des effectifs de la branche en 2020.
Depuis 2010, 2 150 contrats de travail ont été signés, soit 215 contrats par an en moyenne.

Estimation des emplois indirects

Les effets indirects de la filière pharmaceutique sont calculés à partir des effets d’entraînement sur les autres secteurs d’activité. Ceux-ci sont causés par les consommations intermédiaires nécessaires à la production de l’industrie pharmaceutique, qui représentent une production induite pour ces secteurs associés.
Les emplois indirects correspondent donc à la main-d’œuvre mobilisée pour produire les consommations intermédiaires entrant dans les processus de production des médicaments.
Au total, les effets indirects de l’activité de la filière pharmaceutique s’élèvent à 8,3 milliards d’euros de valeur ajoutée, dont 21 % (1,8 Mds€) est imputable aux secteurs de l’industrie pharmaceutique, 11 % aux activités chimiques (900 M€) et près de 24 % (2 Mds€) aux activités associées (commerciales, juridiques, immobilières, financières, informatiques).
On estime qu’un emploi dans l’industrie pharmaceutique génère deux emplois supplémentaires dans l’économie.
En incluant les emplois de la filière officinale, ce chiffre s’élève à trois emplois supplémentaires dans l’économie.

Des signaux d’alerte persistent, même si le gouvernement veut donner des raisons d’être optimiste pour l’avenir

La crise sanitaire a permis de replacer l’industrie pharmaceutique parmi les secteurs stratégiques, ce qui donne des raisons d’être optimiste pour l’avenir.
Plusieurs phénomènes, récemment constatés, pesaient ces dernières années sur l’évolution de l’emploi en France, notamment :
• une tendance forte à l’externalisation d’activités vers la prestation (CRO’s, façonniers) en France, mais aussi à l’étranger ;
• un manque de lisibilité des contraintes réglementaires et juridiques, ce qui ralentit la France dans la compétition avec les autres pays.

Néanmoins, la récente crise sanitaire a permis une prise de conscience du caractère stratégique de préserver l’emploi des entreprises du médicament sur le territoire français, et les mesures prises pourraient offrir un nouvel élan, comme par exemple :
• l’annonce, le 29 juin 2021, par le président Emmanuel Macron du 9e Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), qui devrait permettre des avancées majeures pour attirer les investissements et accélérer l’innovation ;
• le déploiement du plan 1 jeune 1 solution, qui a permis un soutien vigoureux au développement de l’alternance, et qui a certainement contribué à soutenir l’embauche des jeunes dans les entreprises de la branche ;
• l’objectif de 20 biomédicaments produits en France prévu par le plan France 2030, qui témoigne du soutien important des pouvoirs publics au développement de la filière des biotechnologies dans l’Hexagone.

 

L’essentiel

99 310

Effectif employé directement par les entreprises du médicament en France en 2020.

11 400

Nombre de recrutements des entreprises du médicaments en 2020.

16,3 %

Part des recrutements réservée aux moins de 26 ans en 2020.

56,3 %

Taux de féminisation des emplois en 2020.
L’industrie pharmaceutique fait partie des rares secteurs industriels dans lesquels la proportion de personnels féminins est majoritaire.