Innovation & Santé

La santé vue par les Français

19.04.19
Selon le rapport de la Drees de 2017, près de 7 Français sur 10 âgés de 16 ans et plus se perçoivent en bonne ou en très bonne santé, une proportion stable depuis 2008.

Les hommes ont une plus grande propension que les femmes à estimer que leur santé est très bonne.
Toujours selon le rapport de la Drees moins de 15 % des personnes âgées de 16 à 24 ans déclarent avoir une maladie ou un problème de santé chronique contre 75 % des personnes âgées de 85 ans ou plus.

Ce constat intervient dans un contexte de révolution médicale des sciences et des technologies suscitant de nouveaux comportements et de nouvelles exigences.
La notion même de santé dépasse celle du soin et s'élargit au bien-être. Les besoins et les aspirations en santé augmentent.

Le patient devient plus expert, plus exigeant et avide de toujours plus d'informations.

Les Français sont globalement en bonne santé par rapport aux pays de niveau de richesse similaire à plus forte raison

Etat de santé perçu en 2014 et 2016

 

Leurs nouveaux besoins : information, participation, bien-être
 

1.    L'information : le besoin essentiel

Sept Français sur 10 attendent davantage d'informations concernant leur santé de la part de leur médecin, du ministère de la Santé, de l'Assurance maladie, mais aussi des laboratoires pharmaceutiques et des mutuelles.
Plus de 60 % des Français de tous les âges sont toujours plus nombreux à rechercher des informations sur internet concernant la santé en général, mais ils sont surtout intéressés par des symptômes et des maladies spécifiques et désireux d'échanger sur ces pathologies.
Sans surprise, la pratique est plus fréquente chez les jeunes et les populations les plus éduquées.


2.    Le patient veut être un acteur à part entière

Les patients veulent être considérés comme des interlocuteurs à part entière par les professionnels de santé : près de 9 patients sur 10 veulent obtenir des informations sur les médicaments qui leur sont prescrits, et 8 sur 10 souhaitent avoir leur mot à dire sur le choix du traitement proposé.


3. La recherche du bien-être

Plus globalement, les Français sont insatisfaits des réponses apportées à leurs préoccupations en matière de bien-être par les acteurs classiques (médecine du travail, acteurs du système de soins...).
Ils s'intéressent de plus en plus aux médecines douces, qu'il s'agisse de phytothérapie, d'aromathérapie, de thérapies manuelles (ostéopathie, chiropraxie), d'approches corps- esprit (hypnose, méditation, sophrologie.).
Les médecines alternatives ne sont pas utilisées uniquement par des personnes malades, mais ont pour objectif premier d'améliorer le bien-être.
Pour les patients, cela traduit une recherche d'autres voies à la logique du "tout thérapeutique".
C'est une vraie tendance, confirmée par le succès des ouvrages sur le bien-être (La Cuisine anticancer, les clés de l'alimentation santé, Le Charme discret de l'intestin...).
 

Les éléments essentiels au bien-être

La maladie et ses conséquences : leur première source d'inquiétude

La santé est en pole position des préoccupations des Français depuis 2016.
81 % des Français se disent préoccupés par leur santé ou celle de leurs proches.

La santé est leur première préoccupation quotidienne.
Elle devance la question de leurs ressources (68 %), de leur emploi ou de celui de leurs proches (66 %), de leur logement (55 %) et de leur retraite (53 %).
Les Français accordent une confiance exceptionnelle aux professionnels de santé et plébiscitent leur médecin interlocuteur. Les infirmiers, médecins, pharmaciens ont une cote de confiance de plus de 92 % !

Ce score important est lié aux relations de proximité entretenus par ces professionnels et leur disponibilité à l'égard des patients.
Les Français ne tiennent pas le monde médical pour responsable des difficultés d'organisation et reconnaissent les contraintes et les difficultés des professions. Le médecin généraliste est leur interlocuteur privilégié lorsqu'ils sont malades : ils sont d'ailleurs 60 % à en consulter un au moins une fois par trimestre.

Guérir du cancer et de la maladie d'Alzheimer : deux priorités pour les Français d'ici 2030


En 2018, quelles sont leurs attentes en matière de progrès thérapeutique à l'horizon 2030 ?
Parmi les réussites suivantes que la recherche sur le médicament permettra peut- être un jour, quelle est celle que vous souhaiteriez le plus voir arriver d'ici 2030 ?

Recherche sur le médicament

 

                                                                                         En 2030

Une perception mitigée de l'avenir des soins de santé en France.

75 % des Français pensent que les soins de santé vont se dégrader à l'avenir.   

Près de 9 Français sur 10 anticipent une hausse des dépenses de santé à leur charge au cours des prochaines années, et un tiers a déjà reporté un acte médical pour raisons financières.

Plusieurs solutions sont évoquées :
92 % des Français pensent que la prévention en santé est efficace et qu'il est urgent d'adopter les bons comportements.

Et l'e-santé apparaît comme le meilleur vecteur d'amélioration : 69 % des Français considèrent en effet qu'elle est une chance et que ses outils permettront d'améliorer la prévention des maladies, la prise en charge et le suivi des patients.

 

Les médicaments : des alliés indispensables

Selon le dernier Observatoire sociétal du Leem, 77 % des Français font confiance aux médicaments, et 83 % d'entre eux font confiance aux médicaments qu'ils prennent.
En effet, 44 % des Français prennent tous les jours au moins un médicament, un taux relativement stable dans le temps. 49 % des Français font confiance aux entreprises du médicament mais seulement 16 % d'entre eux les trouvent transparentes.

Pour près de 8 Français sur 10, les entreprises du médicament sont des acteurs essentiels du système de santé, en particulier dans la recherche contre la maladie et la découverte de nouveaux traitements. Elles sont perçues comme utiles, (85 %), à la pointe du progrès (78 %) et à la pointe de la recherche de nouveaux traitements (77 %).

 

                                                                                          En 2030

Pour 63 % des Français, les progrès en santé en 2030 viendront d'abord des nouveaux médicaments

Les Français considèrent en effet, dans leur très large majorité, que les progrès en santé d'ici 2030 viendront des nouveaux médicaments comme l'immunothérapie et la thérapie génique (pour 63 % d'entre eux) et de la régénération des cellules (pour 59 %).

Si les progrès à venir reposent, selon les Français, sur les nouveaux médicaments, c'est qu'ils sont une réponse immédiate aux maladies qui les inquiètent le plus, au premier rang desquelles le cancer, la maladie d'Alzheimer et le sida.


Dans ce contexte, la personnalisation des traitements est également perçue comme une source potentielle de progrès pour une partie de la population (38 % des personnes interrogées).

Les progrès en santé

 

Ce qu'ils pensent de technologie et de la génétique


1. Oui à la technologie, mais...

Les résultats de l'étude menée par le groupe SCA dans 12 pays dans le monde montrent que les Français ne croient pas ou peu au pouvoir de la technologie pour améliorer leur santé.
Alors que 57 % des Chinois considèrent que la technologie est capable d'améliorer leur santé, les Occidentaux sont un peu moins optimistes.
Seuls 48 % des Américains, 39 % des Espagnols et 35 % des Britanniques sont alignés sur la position chinoise.

Les Français, eux, se montrent plus méfiants : seulement 25 % des interrogés estiment que la technologie va leur permettre de vivre en meilleure santé à l'avenir.
Cependant, la moitié des Français sont prêts à partager des données sur leur hygiène de vie personnelle.

L'E-santé et le parcours de santé

 

2.    L'espoir lié à la génétique, mais...

Les progrès de la génétique apparaissent comme un des principaux espoirs pour demain pour près des deux tiers du grand public (62 %) et des médecins (66 %).

Et l'idée d'une "médecine prédictive", qui permettrait grâce à la génétique de mieux prévoir l'apparition de certaines maladies, est une évolution qui fait espérer beaucoup plus qu'elle n'inquiète : 59 % du grand public et 53 % des médecins y voient une avancée positive, alors qu'ils ne sont que 19 % et 18 % à déclarer à l'inverse qu'ils n'ont "pas envie de savoir à l'avance les maladies qu'ils pourraient avoir dans les années à venir."

Les deux tiers des Français affirment qu'ils sont prêts à passer un test génétique pour identifier une prédisposition à une maladie, et 7 sur 10 amélioreraient leur hygiène de vie en cas de prédisposition avérée.
Les chiffres sont encore plus parlants pour ce qui concerne le cancer : en France, 8 personnes sur 10 n'ayant jamais passé de test génétique de prédisposition héréditaire aux cancers seraient prêtes à en faire un.

Le principal frein potentiel à la réalisation d'un test génétique de prédisposition aux cancers est "le risque de voir les résultats utilisés à d'autres fins (assurance, vie professionnelle) pour 54 % des Français, devant l'angoisse liée à la connaissance d'un risque personnel (44 %) et la culpabilité liée à la possibilité de transmettre le risque (25 %)."

 

                                                                                            En 2030

Face à ces attentes, 3 tendances majeures devront être intégrées dans la conception des politiques publiques, nationales et territoriales.

La stratification de la société dans son rapport à la santé
Depuis dix ans, les écarts sociaux en matière de santé ne se sont pas résorbés, les écarts d'espérance de vie augmentent, les comportements à risque se concentrent sur certaines populations.

Les personnes les plus éloignées de la prévention et en capacité réduite de devenir des "patients-acteurs" sont également les plus touchées par les pathologies liées aux modes de vie (tabac, sédentarité, conditions de travail, alimentation, alcool.. ,).

La réduction de la fracture numérique est un préalable utile mais pas suffisant. Les écarts déjà présents de prise en charge des patients et des pratiques (inégalité majeure entre les "informés" et les "non informés") pourraient s'accroître avec la spécialisation des traitements et la difficulté d'une transparence "en continu".
Les dynamiques socio-économiques et les divergences d'attractivité des territoires engendrent des situations d'inégalités en santé.
On l'a vu, les tendances pour 2030 laissent même augurer une stratification de la société française en matière de santé, avec :

  • des populations très investies dans la gestion de leur “capital santé" et les outils associés, notamment numériques (les "patients-experts", instruits par internet et désireux d'être les premiers acteurs de leur propre santé), qui seront de plus en plus nombreux ;
  • des populations en difficulté face aux nouvelles approches, recommandations et outils de santé qui se profilent, ce qui limite leur participation dans les parcours à domicile (personnes âgées, en difficulté face aux outils numériques, personnes souffrant de troubles psychologiques ou mentaux.) ;
  • des populations très contraintes économiquement ou désengagées, qui retardent le recours au système de santé.

 

Les politiques de santé publique doivent prendre en compte les situations historiques, la variété des comportements et les besoins futurs
La réduction des écarts-types est un objectif premier en matière d'accès, d'espérance de vie en bonne santé. Garantir un accès aux soins "égal pour tous" nécessitera des solutions vraisemblablement plus différenciées par territoires et populations.

Santé humaine et santé environnementale vont de pair
Les maladies de civilisation sont largement liées à la dégradation du cadre de vie : environnement, transformations de nos modes de vie (sédentarité, stress y compris chez les plus jeunes.). Les variables environnementales, la qualité de l'alimentation, les conditions de vie et de travail, les aspects psychosociologiques devront être de plus en plus intégrés dans la conception et la mise en œuvre des parcours de santé ; l'épidémiologie et les politiques publiques mieux renseignées. Certains effets du progrès thérapeutique pourraient être réduits par une prise en compte insuffisante de ces questions environnementales au sens large.

 

 

Santé 2030 - Partie 1
Sources et intégralité de l'étude disponible sur notre site