Economie

Consommation : répartition et financement

26.02.24

La consommation de soins et de biens médicaux : une responsabilité collective

Les comptes nationaux de la santé mesurent chaque année les différents postes de la consommation médicale totale (valeur totale des biens et services médicaux consommés) et de la dépense courante en santé (somme des dépenses engagées par les financeurs publics et privés pour la fonction santé).
En 2022, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM), en France, a atteint 235,8 milliards d’euros, soit 3 465 euros par habitant. Elle a progressé de 3,9 % entre 2021 et 2022.
Rapportée à la population, la consommation de médicaments et autres produits pharmaceutiques a été, en moyenne, de 482 euros par habitant en 2022.
Ce chiffre recouvre une très grande diversité, puisque ce sont surtout les personnes âgées et celles atteintes de maladies graves qui consomment le plus.

 


La consommation française est liée à sa structure :
- d’un côté, un faible recours à la chirurgie ambulatoire et aux formes modernes d’hospitalisation, relativement économiques, par rapport aux pays voisins ;
- de l’autre côté, un manque de sensibilisation des acteurs, particulièrement les patients et les professionnels de santé (exonération du ticket modérateur et tiers payant, faiblesse des contrôles et absence de traçabilité informatique des prescriptions hospitalières).
Toutefois, les pouvoirs publics s’efforcent de contrôler cette consommation en faisant évoluer le comportement des acteurs de santé via des actions de maîtrise médicalisée.
Des actions ont été entreprises depuis vingt ans, comme la mise en place d’une rémunération sur objectif de santé publique (Rosp) dédiée.
Ces incitations financières, qui représentent en moyenne 5 113 euros par médecin en 2022, ont pour objectifs de faire évoluer les pratiques de prescription pour atteindre les objectifs de santé publique.
 

La consommation de médicaments augmente moins vite que celle des autres biens courants

La part de la consommation médicale dans le PIB a augmenté progressivement de 1970 jusqu’aux années 2010, période depuis laquelle elle stagne autour de 9 %.
Quant à la part de la consommation de médicaments dans le PIB, elle est restée stable depuis les années 1970, représentant 1,2 % du PIB en 2022.

 

 

Lorsqu’on observe l’évolution de la consommation de médicaments entre 2008 et 2019, celle-ci est restée plutôt stable au regard d’autres postes de consommation des ménages, tels que l’alimentation, le logement ou encore le tabac. La politique de baisses de prix appliquée sur le médicament depuis plusieurs années explique en partie cette tendance.
La baisse significative pour le médicament en 2020 s’explique par la nouvelle méthodologie employée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) pour comptabiliser les remises conventionnelles.
La fin du XXe siècle a été marquée par une forte croissance de la consommation des ménages, tous produits confondus. Contrairement à d’autres postes de consommation qui ont continué d’augmenter, la consommation de médicaments est restée relativement stable depuis 2010. Il est à noter que la baisse significative de la consommation de médicaments en 2020 est due à un changement méthodologique, la Drees ayant décidé d’intégrer les remises conventionnelles dans ses calculs.

 

 

Au sein de la CSBM, la consommation de médicaments est un des seuls postes à diminuer. Cette tendance s’explique par les mesures drastiques (baisses de prix, clause de sauvegarde, etc.) qui ont été prises pour contenir la dépense en médicaments. Les médicaments représentent ainsi 14,4 % de la CSBM en 2022.

 

Les dépenses de soins et de biens médicaux sont financées par la Sécurité sociale à plus de 80% en 2022

En France, historiquement, les dépenses de santé et de protection sociale sont principalement financées par la Sécurité sociale (voir chapitre sur le système de santé et le remboursement).
En 2022, la Sécurité sociale a ainsi financé 79,6 % de la CSBM, le reste étant financé à hauteur de 12,6 % par les organismes complémentaires (mutuelles, sociétés d’assurances, institutions de prévoyance), 0,6 % par l’Etat et les collectivités locales, et enfin 7,2 % par les ménages.

 

 

95 % des ménages bénéficient d’une couverture complémentaire, qu’elle soit obtenue par une mutuelle, par une assurance privée ou par la complémentaire santé solidaire (ex-CMU-C), qui complète, le plus souvent à hauteur de 100 %, le remboursement de la Sécurité sociale. La sensibilité directe des ménages aux prix des médicaments est donc très faible.
 

Comparaisons internationales de la consommation de médicaments

La France a longtemps été présentée comme le premier pays consommateur de médicaments.
Depuis quelques années, plusieurs études relativisent cette affirmation, avec le poids croissant de médicaments internationalisés, dont les conditions de prescription sont voisines (référentiels internationaux de bon usage).
La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) a analysé l’évolution des huit principales classes pharmaco-thérapeutiques entre 2006 et 2009 en unités standardisées. Elle démontre qu’en 2009, la consommation d’unités par habitant est de 456 au Royaume-Uni, 382 en Espagne et en France, 329 en Allemagne et 298 en Italie.
Pour trois classes (statines, IPP, antidépresseurs), la croissance française est la plus faible d’Europe.
Ces résultats sont confortés par une étude du LIR, en partenariat avec la chaire Essec santé et le professeur Gérard de Pouvourville, publiée en 2012, et dont la dernière mise à jour date de 2014. Elle compare la consommation de médicaments en volume, entre 2000 et 2013, dans les huit principales classes thérapeutiques, en France et dans six autres pays européens, et confirme que, en matière de consommation de médicaments, la France affiche le taux d’évolution le plus faible et une modération relative.

Si la France était bien, en 2000, le pays le plus consommateur en volume de médicaments de ces huit classes, elle se situe treize ans plus tard dans la moyenne européenne. Sur la période 2000-2013, dans cinq cas sur huit, le taux d’évolution est le plus faible dans l’Hexagone (antidépresseurs, antiulcéreux, hypolipémiants, antihypertenseurs et antibiotiques). Le seul cas où la consommation a évolué plus rapidement que dans les autres pays est celui des antiasthmatiques.

Enfin, une étude menée en 2019 par IQVIA pour le Leem a montré qu’entre 2004 et 2019, la consommation de médicaments par habitant a baissé de 16 % en France, alors qu’elle augmentait de 27 % en Allemagne. La France est d’ailleurs le seul pays européen dont la consommation médicamenteuse a diminué — et dans une proportion considérable — depuis 2004.
L’étude IQVIA révèle que l’écart avec les autres pays s’est fortement réduit : la consommation française n’est plus que de 7 % supérieure à la consommation britannique en 2019, alors que l’écart était de 35 % en 2004.
On observe par ailleurs une stabilité de la consommation en Espagne et une hausse en Italie (12 %). Le Royaume-Uni a, quant à lui, connu une hausse de 6 % entre 2004 et 2014, compensée par une baisse de 6 % entre 2014 et 2019.

 
 

L’essentiel

5 113 euros     

Montant moyen de la rémunération sur objectifs de santé publique perçu
par les médecins libéraux en 2022.

482 euros    

Consommation moyenne de médicaments par an
et par habitant en 2022.

80 %

Part de la Sécurité sociale dans le financement des dépenses
de santé en 2022.