Communiqués de presse
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Réponse du Leem au documentaire diffusé sur Arte : "Médicaments : les profits de la pénurie"

26.04.22
Le documentaire diffusé par Arte le 26 avril 2022, en surfant sur les préjugés négatifs liés aux profits du secteur pharmaceutique, comporte un grand nombre d’accusations caricaturales, d’allégations fausses et de raccourcis qui mettent l’image des entreprises du médicament à mal injustement et de manière contre-productive pour la santé des Français, en éloignant du secteur les jeunes générations en recherche d’emploi.

L’accusation centrale est la recherche permanente de profits comme seule motivation, qui conduirait non seulement le secteur à organiser les pénuries, mais aussi à délocaliser ses activités, puis à demander des aides pour les relocaliser, ou encore à s’opposer fermement à la levée des brevets sur le vaccin du covid. Le montant de ces profits et l’influence néfaste du lobby pharmaceutique sur les Etats seraient à leur comble à l’issue de la crise sanitaire, accuse ce documentaire résolument à charge.

Il passe totalement sous silence le fait que l’industrie du médicament est l’un des secteurs les plus drastiquement encadrés par les autorités, pour protéger au maximum les patients.

A l’opposé de ce que rapporte ce documentaire, les entreprises du médicament ont une priorité : approvisionner en médicaments les patients en toute sécurité et dans les meilleurs délais.

Les entreprises du médicament n’auraient aucun intérêt à provoquer des pénuries et les pénuries en elles-mêmes ne génèrent aucun profit. Au contraire, elles peuvent entraîner des sanctions financières, jusqu’à 30% du chiffre d’affaires de la spécialité en pénurie. Si le nombre de signalements à l’ANSM augmente, en revanche le nombre de pénuries réelles avec un impact potentiel grave pour le patient, baisse. Pour reprendre l’exemple du traitement contre le cancer de la vessie dérivé du vaccin BCG incriminé dans le documentaire, il a été remis en circulation le 14 février 2022 grâce à l’augmentation des capacités de production du fabricant.

Il serait juste d’indiquer que près de 400 accords ont été passés à travers le monde pour maximiser la production de vaccins contre le covid grâce au transfert de technologies, et qu’aucune pénurie sur les produits essentiels n’a été à déplorer en France pendant la crise du covid malgré les tensions. Et cela grâce à une adaptation exceptionnelle des capacités de production et à l’importation de médicaments au niveau mondial par une gestion des stocks agile.

Cependant, 20 ans de politiques européennes de maitrise de la dépense avec des milliards d’économies sur les produits de santé ont conduit à une remise en cause de notre autonomie sanitaire. La crise du covid a permis d’en prendre conscience. C’est un maigre avantage, qu’il serait bon de conserver. Protéger la santé de tous, c’est mettre les conditions en place pour attirer davantage d’acteurs de l’innovation sur notre territoire et permettre leur croissance. C’est arrêter d’opposer public et privé. Comment un opérateur public pourrait-il être plus efficient qu’une entreprise privée ? La recherche publique n’est pas en mesure de mettre sur la table le milliard d’euros nécessaire à la recherche clinique qui permet d’aboutir à la commercialisation d’un médicament. Les partenariats public-privé sont donc indispensables, c’est un continuum.

Le modèle des Etats-Unis, où l’implication de l’Etat est forte, ne tient pas la comparaison avec la situation en France : c’est un marché de 360 millions de personnes, avec les prix de médicaments les plus élevés au monde. La France, elle, a les prix de médicaments les plus bas d’Europe : 37% moins chers qu’en Allemagne. Or, c’est justement cette différence de prix qui conduit à l’export parallèle, c’est-à-dire au pillage des stocks restants en cas de tension d’approvisionnement. 

Le secteur pharmaceutique en France est bien plus complexe qu’un antagonisme pur entre « big pharma » et recherche publique ; c’est un tissu industriel hétérogène, composé pour une majorité de PME, confrontées à la hausse des coûts de matières premières et de production, mais qui investissent autant dans les médicaments matures, les génériques, que dans les médicaments de demain.