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Intervention de Philippe Lamoureux au colloque Pharmaceutiques : « Antibiorésistance : quel business model viable ? »

10.06.22
Le directeur général du Leem participait à une table ronde, vendredi 10 juin, pour débattre de la place de la lutte contre l’antibiorésistance.

 

  1. Un pipeline asséché d’antibiotiques

Nous avons consommé 4 générations d’antibiotiques en 1 génération d’êtres humains. Nous avons par ailleurs fait une marche arrière historique en réduisant progressivement notre arsenal thérapeutique.

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  1. Le combat doit se mener à toutes les échelles
  • C’est un fléau mondial donc l’approche globale, « top-down », fait sens (ex. approche TSE).
  • Des approches locales (« bottom-up ») doivent coïncider également.
  • Nous pouvons faire le parallèle avec le réchauffement climatique : pour lutter contre le problème, il est indispensable d’utiliser tous les leviers dont nous disposons.
  1. Quelle est la nature des solutions ?
  • Une double approche est nécessaire : d’une part, trouver de nouveaux médicaments actifs et, d’autre part, favoriser le bon usage du médicaments existants pour préserver leur efficacité.
  • Pour un meilleur usage du médicament, depuis 2015, l'Association Bon usage du médicament rassemble l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament et met en œuvre un vaste programme d’actions auprès du grand public et des professionnels de santé.
  • Pour trouver de nouveaux médicaments actifs, d’abord favoriser la recherche, avec un engagement de tous les pays du G7 et de l’UE.
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  • MAIS les incitations ne suffiront pas, les laboratoires ne développeront pas derrière des médicaments s’il n’existe pas un marché rentable.
  • Le besoin ne fait pas le marché. Les nouveaux antibiotiques sont, en effet, utilisés avec parcimonie afin de préserver leur efficacité.
  • Le premier sujet, c’est de trouver un modèle économique.
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Exemple du Fonds d’action AMR de l’IPMA

  • En 2020, 23 grandes sociétés pharmaceutiques se sont mobilisées et ont créé le Fonds d’action contre l’antibiorésistance (AMR Action Fund), en collaboration avec la Banque européenne d’investissement, le Wellcome Trust et l’OMS.
  • 1 milliard de dollars américains a été investi lors du lancement du Fonds en 2020 pour la recherche et le développement d’antibiotiques.
  • Le Fonds d’action contre l’antibiorésistance est désormais le plus grand partenariat public-privé au monde à soutenir le développement de nouveaux antibiotiques.
  • L’objectif du Fonds est d’apporter 2 à 4 nouveaux antibiotiques aux patients d’ici 2030.
  • Le Fonds investit sur la base des listes prioritaires d'agents pathogènes de l'OMS/CDC, dans le but de répondre aux principaux besoins non satisfaits et de maximiser l'impact sur la santé publique. Il prioriser les nouveaux traitements antibactériens, ayant une utilité clinique significative et différenciée et qui réduisent la mortalité des patients. Il Investit à toutes les étapes du développement clinique.
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Exemple de l’Index de préparation à l’antibiorésistance

  • La GCOA (Global Coalition on Aging) et la Société américaine des maladies infectieuses ont mis au point en 2021 un Index de préparation à l’antibiorésistance. L’objectif est d’en faire un outil pour soutenir la recherche en cours, évaluer les résultats et défendre des politiques pour résoudre cette crise de santé publique… La France est classée 4e sur 11 (les décès dus à l’antibiorésistance sont près de 2 fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE).
  • L’industrie se mobilise, maintenant c’est aux gouvernements d’agir, de fournir de nouvelles incitations économiques, des évaluations pragmatiques de la valeur des antibiotiques et des réformes de remboursement pour en permettre l'accès.
  1. Vers un modèle économique libéré des volumes
  • A l’échelle globale, nous suivons avec intérêt les approches sur lesquelles travaillent actuellement les experts (TSE…).
  • A l’échelle locale, française, des progrès ont déjà été réalisés pour valoriser les antibiotiques.
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  • MAIS il y a encore la question du prix. Le paradoxe est qu’il faudrait que les gains soient plus importants si la consommation est moindre. Il faudrait un partage du risque entre les industriels et l’Etat.
  • Il y a trois actions qui peuvent être mises en place : adapter la doctrine d’évaluation (cf exemple) + fixer un prix à la hauteur de la valeur apportée + décorréler le prix des volumes.
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