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Santexpo - Comment la crise du Covid a révolutionné les essais cliniques

18.05.22
Le parcours de soins ne commence pas à la mise sur le marché du médicament, il commence dès les essais cliniques, clé de voûte de l’accès à l’innovation pour les patients. La crise du Covid a transformé la façon de mener ces essais et la participation des patients. Des changements que les acteurs publics, privés et associatifs doivent savoir décrypter pour s’y adapter et faire de la France un leader en la matière. Lors d’un débat organisé par le Village des entreprises du médicament le 18 mai, sur Santexpo 2022, 4 experts ont pu échanger sur ce sujet.

Nous sommes en mars 2020, les Français ajoutent un nouveau mot à leur vocabulaire : « le confinement ». Et avec lui, les angoisses des commerçants qui ferment leur boutique, des enfants dont les écoles sont fermées mais aussi tous les patients qui sont inclus dans un essai clinique pour expérimenter un traitement qui peut-être pourrait les soulager, voire les guérir. Forts de leur réactivité, de leur coopération, les professionnels de santé, les agences sanitaires, les industriels et l’ensemble des acteurs du système de santé ont pourtant réussi un exploit : continuer à mener ces essais.

Une décentralisation opportune des essais

Grâce aux nouvelles technologies, et en particulier la digitalisation, « nous sommes passés d’un essai clinique centré autour de l’hôpital à un essai centré sur le patient », raconte Ariane Galaup Paci, directrice Recherche clinique du Leem. « C’est une réelle avancée au bénéfice du patient, la digitalisation permet une équité d’accès territoriale ». Concrètement, cela permet aux patients d’intégrer un essai à distance grâce au e-consentement (signature électronique) ou d’être suivi depuis leur domicile grâce à la télémédecine et aux objets connectés. Non seulement, les patients ont pu poursuivre leur essai en cours mais finalement parfois même dans de meilleures conditions. En effet, bien qu'un essai clinique soit une réelle opportunité pour les patients d’accéder à l’innovation, c’est parfois au détriment de leur qualité de vie. « 70 % des patients vivent à plus deux heures de leur établissement », précise Françoise Sellin, dirigeante Fondatrice d’Expertise-Patient.

Quelques freins à lever

Reste que ces évolutions permises pendant la pandémie de façon provisoire doivent maintenant être pérennisées. Si cela a été possible une fois, « la marche est encore importante », prévient Florence Favrel-Feuillade, directrice générale du CHRU de Brest. « Ce n’est pas encore dans les mœurs et nous avons vraiment besoin de faire évoluer la culture ». Une adhésion des patients, mais aussi des professionnels, est indispensable. Et il n’y a pas que la culture qui doit évoluer. La digitalisation des essais semble techniquement facilement implémentable mais elle s’accompagne de nombreuses problématiques liées aux systèmes d’information des hôpitaux ou aux données de santé. Ces dernières étant recueillies à distance, il va falloir les gérer. « Notre défi aujourd’hui, c’est la fiabilisation des données générées par les capteurs, leur standardisation, leur recueil, leur stockage et leur analyse », explique Erik Domain, DG adjoint de la DRCI de l’AP-HP. Et Marie-Pierre Chevalier, CMO de MyPL, d’ajouter : « Il y a encore beaucoup à faire en termes de déploiement, de mise en place, d’interopérabilité de ces outils avec les systèmes d’information de ces hôpitaux ». Un constat commun et une envie d’avancer partagée par les différents acteurs. C’est déjà un bon début.