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Rencontres régionales des entreprises du médicament en Auvergne.

21.06.18
Intervention de Philippe Lamoureux, Directeur général du Leem - jeudi 21 avril 2018.
Rencontres régionales des entreprises du médicament en Auvergne.

(sous réserve du prononcé)

Monsieur le Préfet,
Mesdames les députées,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames, Messieurs,

C’est pour moi une grande joie d’être parmi vous aujourd’hui pour la seconde étape du tour de France des rencontre régionales des entreprises du médicament pour 2018. Après la Bourgogne Franche Comté, nous voici donc en Auvergne, à la découverte d’un territoire dynamique, porté par un tissu industriel exceptionnel constitué de grands groupes pharmaceutiques, d’entreprises familiales et de start-up innovantes. L’Auvergne, et nous en avons aujourd’hui une illustration concrète avec le site de MSD, recèle de vraies pépites, des entreprises performantes, créatrices d’emplois et d’innovations au service des patients.

Je tiens à remercier Monsieur Pecoul, maire de Riom qui nous fait l’honneur de nous accueillir dans sa commune.

Je remercie également David O’Connell, président des laboratoires MSD-Chibret, qui nous ouvre les portes de son entreprise, belle illustration du dynamisme de notre secteur en Auvergne.

Je tiens à saluer également Bruno Erhard, qui s’est prêté avec brio au jeu de la modération de débats.

Enfin, je ne peux terminer ce tour de remerciement sans adresser mes chaleureux remerciements à l’ensemble des intervenants des deux tables-rondes. Votre participation à cet événement témoigne d’un vif intérêt pour une industrie stratégique car performante, compétitive, créatrice d’emplois et de richesse dans les territoires.

Vous êtes mesdames et messieurs les élus, par vos assises locales, les observateurs les plus avertis des réalités industrielles et économiques de votre territoire.

Votre engagement auprès de nos concitoyens vous permet de plaider pour la sauvegarde des emplois, le maintien et la modernisation des appareils productifs présents en région.

Vous êtes enfin des ambassadeurs de choix de vos territoires lorsqu’il s’agit d’attirer de nouveaux investisseurs pour dynamiser les collectivités dont vous avez la charge.

Vos connaissances des réalités industrielles militent, à mon sens, pour vous associer de manière plus régulière en amont des processus de décisions qui impactent la politique du médicament en France.

C’est d’ailleurs la philosophie de ces rencontres d’associer à nos réflexions les décideurs et acteurs locaux sur les thématiques d’attractivité industrielle du territoire, d’emploi, de transformation des métiers, d’innovation ou d’organisation de l’offre de soins en région…

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L’Auvergne est, à ce titre, presque un cas d’école.

La présence sur le territoire de pôles de compétitivité, de clusters d’excellence et d’une myriade d’entreprises innovantes, confère à la région une place centrale en France en matière de santé. Cette « terre du milieu » abrite quelques-uns des plus beaux fleurons de notre industrie nationale. Sanofi, Théa, MSD, Aptys Pharmaceutical, Carbogen – Amcis, Unither Pharmacueticals, Europartech ou encore Biose qui travaille sur le microbiote. Je pourrai également vous citer Pharmadis, à la fois laboratoire pharmaceutique et entreprise adaptée (EA), dont plus de 80% de l'effectif est constitué de personnes en situation de Handicap. Une région polyvalente qui offre un large spectre de compétences : médicament humain, mais aussi animal, offre du dispositif médical, Pme ou grandes entreprises, en développement ou au contraire déjà matures.

Un écosystème industriel reconnu qui a connu, comme tant d’autres régions françaises, d’importants mouvements : des entreprises ont disparu, certaines ont fusionné, d’autres ont été créées ou ont changé d’activité. Mais le dynamisme entrepreneurial de la région, lui, n’a jamais vacillé, comme en atteste le développement exponentiel du GIMRA – dont nous célébrions hier les trente ans d’existence - qui compte aujourd’hui 36 adhérents.

En Auvergne, le médicament se porte et s’exporte bien. Les produits pharmaceutiques représentent 4,6 milliards d’euros d’exportations de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Sur ces 4,6 milliards d’euros, 1,7 milliards proviennent des entreprises du médicament implantées sur le territoire auvergnat.

Avant d’exporter les médicaments, il faut les produire, et dans ce domaine, la région Auvergne est particulièrement dynamique avec 24 sites de production et 6 centres de R&D. Les entreprises de la filière pharmaceutique auvergnate constituent une filière complète dotée de compétences multiples et variées, couvrant tous les maillons de la chaîne de valeur du médicament.

La région Auvergne-Rhône-Alpes est également une région qui cherche, qui innove. Avec 2,7 % de son PIB consacrés aux dépenses de R&D, la région Auvergne-Rhône-Alpes se classe 2ème au rang des régions françaises en termes de dépenses de R&D, derrière l’Ile de France. Avec quatre clusters d’excellence axés sur le domaine santé/pharma dont l’Institut Analgesia, premier pôle européen dédié à la recherche contre la douleur, l’Auvergne est une terre de prospective, d’innovation, créatrices d’emplois mais surtout dépositaires des attentes et des espoirs des patients.

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Qu’il s’agisse hier de la Bourgogne Franche-Comté, aujourd’hui de l’Auvergne ou demain de la Normandie, ces rencontres participent à la réalisation d’un objectif : réaffirmer l’empreinte régionale des entreprises du médicament en France. Pour ceux qui occultent cette réalité, je tiens à le rappeler devant vous aujourd’hui : la richesse économique et sociale de la France provient essentiellement des entreprises produisant sur le territoire français. C’est au niveau des régions que se dessinent les solutions d’attractivité pour le pays. Les régions sont les premières actrices du rayonnement du territoire au niveau international, c’est par leur dynamisme qu’elles contribuent et contribueront à attirer les investissements étrangers.

Reconnaître l’empreinte régionale des entreprises du médicament en France, c’est avoir une vision panoramique des collaborations fortes entre industrie, formation et recherche, le triptyque indissociable dans un univers aussi high tech que la santé.

Reconnaître l’empreinte régionale, c’est aussi voir émerger les nouvelles organisations en santé dans les territoires au travers des expérimentations portant notamment sur la coordination du parcours de santé, la pertinence et la qualité des prises en charge sanitaire, sociale ou médico-sociale, la structuration des soins ambulatoires, l’accès aux soins ou le développement de la télémédecine. C’est là une volonté politique. Le gouvernement l’a affirmé lors de la dernière loi de financement de la sécurité sociale pour 2018. Il souhaite favoriser l’innovation organisationnelle en santé pour mieux décloisonner l’offre de soins et construire de véritables parcours de santé.

Ces rencontres régionales ont une vertu : elles ouvrent le champ des possibles et nous incitent, nous entreprises du médicament, à être davantage audacieux, à dépasser les logiques sectorielles de la ville, de l’hôpital, de l’industriel, du professionnel de santé libéral, du public, du privé… Les échanges particulièrement inspirés et inspirants des deux tables rondes de ce matin sont autant d’invitations pour décloisonner, coopérer, partager, diversifier les collaborations et les interactions avec l’ensemble des acteurs de santé opérant sur les territoires : les professionnels de santé bien sûr mais aussi l’hôpital, les associations de patients, les mutuelles, les ARS... C’est dans et par les territoires que se dessinent actuellement les grandes lignes réformatrices de notre système de santé.  

Cette vision réformatrice de notre système de santé que nous entrevoyons en région, elle fait écho avec le « scénario de rupture » préconisait par le HCAAM dans son rapport portant sur la transformation du système de santé. Dans cet avis rendu public fin mai, le HCAAM plaide notamment pour une réorganisation du parcours de soins en décloisonnant médecine de ville et hôpital.

Cette vision, elle s’accorde également avec les propos tenus par le chef de l’Etat la semaine dernière en ouverture du 42ème congrès de la Mutualité française à Montpellier. Je le cite : « Il nous faut passer progressivement d’une logique de gestion de l’offre de soins, d’une cartographie trop rigide, d’une approche trop numérique et budgétaire, à une logique de demande fondée sur les services à rendre à la population sur le territoire, sur leur bassin de vie, et à une logique plus individualisée, tournée vers le patient. »

On assiste, vous le voyez, à une convergence des réformes ou tout du moins des prodromes de réformes.

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Il est temps pour moi de conclure, en vous indiquant les grandes échéances qui nous attendent. Ces échéances auront des impacts – positifs je l’espère - sur nos organisations dans les territoires. Permettez-moi, étant donné notre présence aujourd’hui sur une « terre de rugby », de filer la métaphore rugbystique (je suis sûr qu’il y a de fervents supporters de l’ASM dans l’assemblée) pour évoquer ces rendez-vous. La première séquence, nous la vivrons dans moins d’un mois, est d’une importance primordiale pour notre secteur. Vous l’aurez compris, il s’agit du Conseil stratégique des industries de santé, le CSIS. Il faut voir le CSIS comme un essai consécutif à un beau jeu de passes entre les pouvoirs publics et les industriels du médicament. Un essai qui consacre le travail du collectif, de l’intelligence et du bon sens.
Je ne vous ferai pas l’affront de vous réexpliquer les règles du rugby mais vous savez qu’après chaque essai, il faut passer la transformation.

Cette transformation, c’est le PLFSS pour 2019, notre deuxième grande échéance. Charge à nous de concrétiser collectivement les mesures du CSIS avec un PLFSS qui accueille l’innovation, un PLFSS de rupture, de réforme, qui s’inscrive dans le temps long et facilite l’accès précoce des patients aux traitements les plus innovants et les plus efficaces. Ce que nous attendons des pouvoirs publics, c’est une politique du médicament portée par une vision stratégique, qui ne tourne pas le dos aux innovations thérapeutiques et donne à notre secteur de la visibilité et de la croissance. J’aimerai que nos représentants politiques, avant de plonger dans l’examen du prochain PLFSS, se remémore cette phrase de Winston Churchill, « il n’y a aucun mal à changer d’avis, pourvu que ce soit dans le bons sens. »

Je vous remercie.