Economie

62 milliards d'euros de chiffre d'affaires des médicaments en 2020

08.10.21

Le chiffre d’affaires sur le marché domestique : un marché en stagnation

En ville : une croissance brute  de 0,6 % en 2020
En 2020, le chiffre d’affaires des médicaments en ville s’est élevé à 21,2 milliards d’euros (en prix fabricant hors taxes), soit + 0,6 % par rapport à 2019.

•    Le marché des médicaments remboursables a vu son chiffre d’affaires croître de 1,8 % entre 2019 et 2020, tandis que les volumes ont enregistré un recul de 3,5 %.
La décomposition du chiffre d’affaires annuel fait apparaître, en mars, un « effet stockage », qui s’est produit avant le premier confinement lié à la crise sanitaire.
Les mois d’avril et de mai se sont traduits par un recul du chiffre d’affaires de respectivement 12 et 13 % par rapport à l’année précédente.

•    Les médicaments non remboursables représentent, quant à eux, un marché de 1,7 milliard d’euros, en nette diminution de 11,6 %, tandis qu’en unités ce marché diminue de 14,5 % par rapport à 2019.


A l’hôpital : une croissance brute de 6,1 % en 2020
Le marché hospitalier connaît, en 2020, une croissance brute de 6,1 %. Comme en 2019, celui-ci est porté par un fort dynamisme de la liste en sus (+ 15,7 %).


Une évolution du chiffre d’affaires en France toujours contrainte

Les lois de financement annuelles de la Sécurité sociale (LFSS) organisent l’équilibre entre les dépenses et les recettes de l’Assurance maladie autour de quatre grandes enveloppes (médecine ambulatoire, hôpitaux soumis à la tarification à l’activité, autres établissements de soins et établissements médico-sociaux).
La mise en place, depuis 2004, de plans annuels de baisses de prix, a eu une incidence forte sur la croissance du chiffre d’affaires du médicament remboursable.
Le taux de croissance annuel moyen a diminué de 7 points en quinze ans. Il s’établissait à 7 % au début des années 2000. Il se situe à 2,4 % en 2020, après une croissance de 1,3 % en 2019.

Cette croissance du chiffre d’affaires brut est cependant contenue par des baisses de prix, qui atteignent un montant record en 2020 : 920 millions d’euros ! De nombreuses classes thérapeutiques ont été mises à contribution : les médicaments du système cardiovasculaire ou encore les antidépresseurs.

La régulation économique du médicament se fait dans un cadre conventionnel Etat/industrie.
L’accord cadre Leem-CEPS définit les modalités de négociation des prix des médicaments remboursables entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et les laboratoires.
Il prévoit également des dispositions contraignantes pour l’industrie. Néanmoins, ces dernières années, la diversité des outils mis en place par les pouvoirs publics (CEPS, HAS, Uncam) ont multiplié les outils de régulation extra conventionnels.

Au-delà des baisses de prix, les référentiels de bon usage et les rémunérations sur objectifs de santé publique (ROSP), ou le début d’encadrement des prescriptions hospitalières, renforcent la maîtrise des volumes et, par conséquent, limitent la croissance du chiffre d’affaires.

Dans le cadre de la LFSS, un exercice est conduit afin de déterminer le montant de la dépense de médicaments consenti dans la construction du budget de l’assurance maladie.
Jusqu’en 2018, le Code de la Sécurité sociale prévoyait la fixation d’un taux de croissance du chiffre d’affaires des médicaments. Ce taux, négatif en 2015 et en 2016, a pu constituer un signal défavorable pour l’investissement de l’industrie en France, et a été dissocié en 2017 pour réguler séparément les médicaments délivrés en ville (taux Lv) et à l’hôpital (taux Lh).
En 2018, l’équilibre de ces taux (0 % pour Lv et 3 % pour Lh) revenait à contraindre le marché pharmaceutique agrégé (ville et hôpital) à un taux de croissance de 0,9 %.
A compter de 2019, le montant de la dépense est désormais défini en une unique enveloppe, englobant la ville et l’hôpital (enveloppe M).
Pour 2020, cette enveloppe autorisait une croissance de 0,5 %.
 

A l’échelle mondiale, le marché français se distingue par une faible croissance du chiffre d’affaires pharmaceutique.
D’après IQVIA, les prévisions ne sont guère plus optimistes : sur la période 2019-2023, alors que la croissance annuelle moyenne sera comprise entre 3 et 4 % en Espagne, Italie, Allemagne ou Royaume-Uni, elle ne devrait atteindre que 0,5 % dans l’Hexagone.
Dans un contexte de compétition internationale accrue, ces perspectives reflètent la perte d’attractivité, depuis plusieurs années, de la France au profit de ses voisins européens.