Le médicament et son écosystème d'innovation
Patients connectés : demain, tous médecins ?
Les informations et données de santé déferlent de toutes parts.
Mais si les patients sont de mieux en mieux informés et de plus en plus impliqués dans leur santé, rien ne peut remplacer l’expertise des professionnels.
(Maj : 27.07.2023)
● Depuis une vingtaine d’années, la relation médecin-malade a beaucoup évolué.
Les patients recherchent toujours plus d’informations sur leurs problèmes de santé et veulent devenir acteurs.
o Depuis le lancement de Doctissimo.fr en 2000, de nombreux sites internet proposent des articles et des forums sur de très nombreuses thématiques santé (symptômes et traitements de maladies, tabagisme, nutrition, contraception…).
o Les forums et communautés de patients se multiplient pour échanger des témoignages et des retours d’expérience sur les maladies et leurs traitements.
Par exemple, le réseau social Carenity (destiné aux personnes concernées par une maladie chronique) compte 500 000 membres qui ont évalué des dizaines de milliers de traitements.
o Par ailleurs, des applications santé foisonnantes sont accessibles sur nos smartphones : contrôle du poids, des calories, de la tension, du sommeil…
Elles peuvent fonctionner seules ou avec des accessoires : montres, bracelets, boîtiers, etc.
Cette tendance au « quantified self » (ou « mesure de soi » : pratique qui consiste à mieux se connaître en mesurant des données relatives à son corps et à ses activités), apparue en 2007 dans la Silicon Valley, en Californie, concerne aujourd’hui de nombreux pays.
● Il existe plus de 350 000 applications mobiles dans le champ de la santé.
● En septembre 2018, la téléconsultation a franchi un cap en France avec son remboursement par l’Assurance maladie.
Elle devient un moyen de lutter contre la désertification médicale.
Selon une étude réalisée par CSA pour France Assos Santé et publiée en juillet 2021, les patients considèrent que la téléconsultation bénéficie d’avantages pratiques (gain de temps, réduction des délais, etc.) mais sont conscients des limites du dispositif.
Les soucis techniques ou les difficultés d’accès au numérique pour une partie de la population sont vécus comme des obstacles. Pour certains, le manque de contact direct peut déshumaniser la consultation, avec 2 utilisateurs sur 10 qui se sentent moins à l’aise qu’en présentiel. Pour 67% des répondants, la téléconsultation est une alternative pratique à une consultation en présentiel et non une solution de remplacement.
● Les patients finiront-ils par considérer qu’ils sont tout aussi capables qu’un professionnel de poser un diagnostic ?
Cette tendance est observée au quotidien par les professionnels de santé eux-mêmes.
Si l’utilisation de nombreux dispositifs de santé connectés peut donner l’impression aux patients de tout savoir et de tout maîtriser sur leur état de santé, cette croyance est un leurre.
Seul un professionnel de santé, formé pendant de nombreuses années, restera capable d’analyser certaines de ces données, et de les croiser avec d’autres paramètres et connaissances ignorées du patient.
Ceci est tout particulièrement vrai pour les patients souffrant de pathologies complexes ou multiples.
● Le fait d’impliquer les patients dans le suivi de leur maladie aurait un impact bénéfique sur leur santé, selon plusieurs études.
Des personnes souffrant d’hypertension ont réussi à mieux contrôler leur tension en pratiquant l’automesure et en ajustant leur traitement en conséquence. 1
● La limite de ces dispositifs de santé connectée est l’insuffisance de leur évaluation.
Comment différencier les gadgets des véritables appareils médicaux, alors que ces dispositifs ne sont pas soumis à des exigences d’efficacité et de résultat ?
Plusieurs enquêtes ont révélé le manque de fiabilité de certaines applications, par exemple dans le dépistage de mélanomes à partir de photographies de lésions cutanées.
Une minorité de concepteurs de ces applications ont fait appel à un professionnel de santé.
- 1Agence du numérique en santé, site consulté le 24/07/23
● Les entreprises du médicament demeurent les mieux placées pour fabriquer l’ensemble des médicaments indispensables à la santé humaine.
En août 2015, la Food and Drug Administration américaine a autorisé la commercialisation du premier médicament fabriqué par une imprimante 3D : un traitement contre l’épilepsie.
La société derrière cette fabrication a mis en avant la possibilité d’ajuster au mieux les principes actifs en fonction des patients, grâce à la grande précision de l’impression 3D.
Mais il est improbable que les individus puissent fabriquer un jour eux-mêmes leurs médicaments.
Cette activité doit être réservée aux professionnels de santé pour éviter tout risque de mauvais dosage.
● Certaines entreprises du médicament se lancent aussi dans le développement d’applications dans le cadre d’essais cliniques.
Cela devrait permettre d’inclure davantage de patients dans les essais cliniques et d’améliorer les connaissances des chercheurs sur certaines pathologies.