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Statement du Leem en réponse au Livre de Pauline Londeix et Jérôme Martin "Combien coûtent nos vies ?", un essai politique très partisan

06.09.22
Vive critique de tout un secteur industriel, du gouvernement et de la société libérale en général, « Combien coûtent nos vies » est un manifeste de deux auteurs engagés qui tentent de faire passer leur vision idéologique de la politique du médicament pour une enquête objective.

Il ne faut pourtant pas s’y méprendre. Bien que leur travail fasse preuve d’une certaine qualité d’écriture et de pédagogie, il n’échappe pas à deux écueils. Le premier en frôlant le complotisme avec de présupposées relations masquées entre les entreprises du médicament et les institutions. Le second en essayant de dégager des théorèmes généraux à partir d’exemples précis dans le monde entier sur des médicaments très spécifiques.

Nous l’aurons compris, la volonté de Pauline Londeix et de Jérôme Martin est avant tout politique. Il s’agit de changer radicalement le système, notamment en nationalisant puis en « internationalisant » le système de santé et de production des médicaments. C’est d’ailleurs l’objectif affiché de leur association « OTMeds ».

Chacun son plaidoyer. Celui-ci s’affranchit néanmoins de nombreux éléments contextuels et laisse supposer aux lecteurs de cet essai que cela serait simple et efficace à mettre en place.

Comme si les conditions de la concurrence n’étaient pas réglementées au niveau international.

Comme si un opérateur public ne devait pas être soumis aux mêmes règles de production qu’un opérateur industriel.

Comme si un opérateur public national pouvait aller chercher des principes actifs sur le marché chinois dans de meilleures conditions qu’une multinationale industrielle produisant pour 150 pays.

Comme si un opérateur public était capable de produire à des coûts de production compétitifs par rapport à un opérateur privé (sachant qu’il faudrait probablement injecter plusieurs milliards pour créer un nouvel outil de production).

Comme si demander à un opérateur public de produire des médicaments matures sur la base des tarifs de remboursement actuels – et donc à perte – serait sans incidence sur les finances de l’Assurance maladie et sur le contribuable.

Et la liste pourrait être encore plus longue.

La crise l’a mise en évidence, mais la fragilisation importante de l’outil industriel français est une réalité sur laquelle le Leem alerte depuis des années. Sur 89 autorisations de mise sur le marché au niveau européen en 2020, seuls 8 médicaments étaient produits en France, loin derrière l’Allemagne, l’Irlande et l’Espagne. Nous avons perdu une autonomie stratégique complète pour certains produits, notamment les produits les plus anciens, principalement issus de la chimie.

Mais soyons lucide. Individuellement, aucun pays n’a la capacité d’être autonome au niveau de sa production, de sa recherche et de son innovation dans le médicament. En outre, induire une compétition sanitaire entre les pays européens aurait des conséquences catastrophiques sur le plan politique, économique, logistique et sanitaire. Nous devons la jouer collectif.

Bien des réponses aux sujets soulevés par ces deux activistes résident sûrement dans un surcroît d’Europe. Et les choses avancent dans le domaine des essais cliniques, de l’évaluation scientifique, de la politique industrielle et de l’accès des patients aux médicaments. Autant d’initiatives soutenues par le Leem.

Pourtant, cet essai politique ignore délibérément ces perspectives européennes, préférant s’inspirer de modèles très discutables, éloignés et peu transposables dans notre pays. Heureusement, nous nous accordons sur une note finale positive : des solutions existent.