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Quelle place pour l'épidémiologie dans le processus d'innovation ?

24.06.19
Pendant longtemps, la place de l'épidémiologie a peu progressé dans le cercle des innovations, laissant la prééminence à la compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires in vitro. La transformation des pathologies et de leur origine (zoonoses et maladies "de civilisation") d'une part, les technologies de mesure et de traitement disponibles aujourd'hui, d'autre part, ainsi que la sensibilité du public changent la donne.
moustique-tigre

L'étude de la répartition et des déterminants  des événements de santé sert de plus en plus de fondement à la logique des interventions faites dans l'intérêt de la santé publique et de la prévention et à la compréhension des origines des pathologies.
 

La fréquence des alertes récentes liées à la suspicion des effets de certains polluants sur le développement des embryons, causes de malformations majeures, les risques de nouvelles pathologies liées à la prolifération d'espèces animales (cas du moustique-tigre Aedes albopictus porteur des arbovirus  du chikungunya, de la dengue et du virus Zika) sont des sujets de grandes préoccupations de santé publique et d'attente citoyenne qui nécessitent   le renforcement et l'approfondissement  des travaux et interventions épidémiologiques. Les liens entre état de santé et environnement devront conduire à un fort développement de l'écologie environnementale en relation avec les spécialistes concernés des milieux et des polluants, de l'éco-épidémiologie (1) (notamment des zoonoses en relation avec le monde vétérinaire mais aussi avec le bioterrorisme). L'épidémiologie devient également participative (certains parlent d'une épidémiologie 2.0 ou 3.0 avec participation des citoyens), et la question des données massives ouvertes (Big Data et Open Data) est posée.
 
Les dispositifs de veille sanitaire sont amenés à se renforcer et à évoluer pour prendre en compte à la fois les risques nouveaux, les comportements individuels (alimentation, sédentarité, lieux de vie…) et les facteurs environnementaux complexes. Ces travaux rencontrent des difficultés de compréhension de la part des citoyens et nécessitent des actions de sensibilisation. On note toujours en France un certain manque de moyens et chercheurs en épidémiologie, toxicologie et écotoxicologie mais un rôle croissant des associations (de citoyens ou de médecins).


(1) L'éco-épidémiologie vise à comprendre ou suivre les facteurs environnementaux expliquant, permettant et/ou favorisant la maladie. C'est une discipline relativement émergente mais qui semble devoir prendre une importance croissante, étant donné la multiplicité des polluants et facteurs environnementaux délétères auxquels les êtres vivants sont exposés. Source schéma : Santé publique France, 2018.

Ce texte est extrait de "Santé 2030" (analyse prospective réalisée par le Leem avec l'appui de Futuribles)