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Médicament : que disent aujourd’hui les Français ?

10.04.14
Le Leem dévoile les résultats 2014 de son Observatoire sociétal du médicament
Médicament : que disent aujourd’hui les Français ?

Pour la 4ème année consécutive, le Leem livre, au travers de son Observatoire sociétal du médicament, une analyse détaillée de la perception et du rapport des Français au médicament (1). Deux thèmes majeurs ont fait, cette année, l’objet d’un approfondissement particulier : la sécurité et l’innovation.

Le sentiment général de défiance, qui gagne la société française, affecte aussi le médicament.

Cette défiance générale (8 Français sur 10 déclarent que l’on n’est jamais trop prudent quand on a affaire aux autres (2)) touche les différents secteurs économiques du pays. Les entreprises du médicament apparaissent, en comparaison, moins éprouvées que d’autres, puisque le niveau de confiance des Français à leur égard baisse de « seulement » 5 points par rapport à 2013 (à 57 %) quand l’agro-alimentaire chute de 15 points (à 38 %), la grande distribution de 13 points (à 39 %), le bâtiment de 10 points (à 61 %) et les télécoms de 8 points (à 53 %).

Les entreprises du médicament se situent ainsi au 4ème rang des principaux secteurs dans lesquels les Français ont confiance, derrière les transports (69 %), l’automobile (65 %) et le bâtiment (61 %), mais devant les télécoms (53 %), le nucléaire (40 %), la grande distribution (39 %), l’agro-alimentaire (38 %), la banque/assurance (30 %) et le pétrole (27 %).

Dans ce contexte, la confiance des Français dans le médicament reste à un niveau élevé (75 %) mais marque un net recul cette année (- 12 points).

La baisse affecte tous les types de médicaments même si, comme les années précédentes, le niveau de confiance demeure plus élevé pour ceux qui bénéficient d’une « caution », qu’elle soit médicale, administrative ou industrielle : médicaments sur ordonnance (88 %) / sans ordonnance (66 %) ; remboursés (86 %) / non remboursés (68 %) ; marque (83 %) / génériques (66 %), avec cependant des baisses plus significatives pour les médicaments qui bénéficient d’une « caution ».

La confiance des Français est également plus élevée (85 %) dans les médicaments qu’ils prennent à titre personnel, et dont ils ont une connaissance plus « intime » : la baisse sur cette catégorie de médicaments est d’ailleurs limitée à 7 points.

Les Français ont des interrogations sur la sécurité des médicaments qui fragilisent leur niveau de confiance.

Quand on les interroge sur les informations qui les intéressent le plus « personnellement » sur les médicaments, ils citent spontanément les effets secondaires (71 %) et les contre-indications (58 %). L’efficacité arrive loin derrière (15 %), preuve qu’elle n’est pas remise en cause par une majorité des Français.

Les effets secondaires concentrent à eux seuls une grande partie de l’inquiétude des Français : 47 % seulement considèrent qu’ils sont mieux maîtrisés, soit une baisse de 11 points par rapport à 2013.


23 % des Français estiment d’ailleurs que le niveau de sécurité a baissé et 76 % s’estiment mal informés sur la sécurité.

Cette appréhension autour de la sécurité a une incidence directe sur la baisse de confiance observée. Très logiquement, ce sont les Français qui déclarent que la sécurité du médicament a régressé depuis 5 ans qui ont le moins confiance (52 % n’ont pas confiance vs 25 % en moyenne pour les Français).

L’accumulation des controverses sur le médicament en France depuis 2011 (particulièrement en 2013) a fini par provoquer un doute dans une partie de la population, avec des interrogations sur la capacité du système de santé à contrôler efficacement le médicament.

La responsabilité en matière de sécurité du médicament est partagée, aux yeux des Français.

Pour les Français, la sécurité du médicament est une responsabilité partagée entre les laboratoires (89 %), les autorités de santé et pouvoirs publics (83 %), qui sont au même niveau que les médecins (83 %), devant les pharmaciens (75 %). Les patients eux-mêmes sont loin derrière à 40 %.

Dans ce contexte de questionnement sur la sécurité (effets secondaires, contre-indications), les Français font confiance, pour les informer sur le médicament :

- Avant tout aux professionnels de santé (médecins à 94%, infirmières à 89%, pharmaciens à 87%), aux chercheurs (87%) et aux notices (84%).
- Ensuite l’entourage (60%), les associations (56 %) et les autorités/pouvoirs publics (52%).
- Puis les laboratoires pharmaceutiques (43 %), devant les médias (presse écrite 34%, radio 31%, TV 27%, Internet 24%).
- Enfin en queue de classement les responsables politiques (8%).

D’une manière générale, 82 % des Français se déclarent mal informés sur le rapport bénéfice-risque.

La recherche et l’innovation, capital image de l’industrie, est aussi un terrain sur lequel les Français sont en attente d’information.

L’Observatoire 2014 révèle que les laboratoires sont clairement perçus comme les premiers financeurs de la recherche de nouveaux médicaments (pour 76 % des Français), loin devant les donations privées (38 %), l’Etat français (33 %), l’Union européenne (13 %) et les hôpitaux (3 %).

Les Français évaluent positivement la R&D du secteur : 73 % jugent qu’il y a beaucoup plus de découvertes aujourd’hui en matière de médicaments qu’il y a 20 ans et 73 % (également) que les médicaments se sont améliorés par rapport à il y a 20 ans. Ils attribuent une note de 6,5 sur 10 au dynamisme de la recherche et de 6,7 sur 10 au progrès apporté aux patients par les nouveaux médicaments.

8 Français sur 10 se disent, malgré tout, en manque d’information concernant le fonctionnement de la recherche et les innovations à venir en matière de médicaments dans les 10 prochaines années.    

Les enseignements du point de vue du Leem

Pour le Leem, organisation professionnelle fédérant les entreprises du médicament opérant en France, les résultats de l’Observatoire 2014 constituent un signal d’alarme pour l’ensemble des acteurs du système de santé, car la confiance dans le médicament est une construction collective.

Outre, le phénomène de défiance généralisée qui se développe dans la société française, la multiplication d’informations plus ou moins fiables et non hiérarchisées, ainsi que la confusion sur l’origine des émetteurs  ont contribué au recul de la confiance des Français constaté cette année.
 
L’enquête d’IPSOS montre donc un véritable besoin de pédagogie dans la population. Les entreprises du médicament contribueront à cet effort à la place qui est la leur. Au-delà, cette question de la confiance doit être un sujet de préoccupation partagée avec l’ensemble des parties concernées : pouvoirs publics, professionnels de santé, associations de patients…

La défiance, si elle devait s’installer, poserait inévitablement de graves problèmes de santé publique à terme. C’est pourquoi, le Leem invite toutes les parties prenantes à repenser ensemble la politique d’information sur le médicament.



FOCUS

L’âge : le niveau de confiance dans le médicament augmente avec l’âge. Il atteint 82 % chez les personnes de plus de 60 ans, 95 % pour les médicaments sur ordonnance, 93 % pour les médicaments de marque.

Les vaccins : près d’un Français sur trois (29 %) n’a pas confiance dans les vaccins (niveau de confiance en baisse de 6 points en un an à 71 %). Les Français attribuent aux vaccins une note de 6,1 sur 10 pour la sécurité, score inférieur à celui des médicaments en général (6,4 sur 10).

Le principe de précaution : les inquiétudes concernant la sécurité des médicaments font émerger une difficulté des Français à accepter le risque. 67 % déclarent qu’il ne faut prendre aucun risque lorsque l’on met un médicament sur le marché car cela peut être dangereux. A l’inverse, ils ne sont que 28 % à considérer qu’à force de prendre trop de précautions, on bloque le progrès en matière de traitements.

Les menaces en matière de qualité et de sécurité : la contrefaçon de médicaments (83 %), la vente de médicaments sur Internet (66 %), les délocalisations de productions (50 %).

La notice : elle jouit d’une forte crédibilité en matière d’information. 93 % des Français la jugent utile et 84 % lui font confiance. C’est un outil de réassurance : 76 % des Français la lisent systématiquement lorsqu’ils prennent un médicament pour la 1ère fois. Ses points d’amélioration ? 77 % (seulement) la jugent honnête et 69 % compréhensible.

 
Résultats complets sur : www.leem.org

(1) Etude Ipsos auprès des Français (4ème vague) réalisée par Internet entre le 24 février et le 3 mars 2014 : échantillon de 1 017 individus âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population nationale.
(2) Seconde vague de l’enquête Ipsos / Steria intitulée « Fractures Françaises » réalisée en janvier 2014.