Exportations et importations
Des exportations toujours supérieures au niveau d’avant-crise…
Les exportations françaises de produits pharmaceutiques à usage humain ont légèrement diminué (– 1,33 %) pour atteindre 31,2 milliards d’euros en 2021.
Cette baisse est à relativiser au regard de la crise sanitaire : les exportations restent en augmentation par rapport à 2019 (+ 4 %).
…et tournées vers nos partenaires européens
Les exportations françaises de médicaments vers l’Europe représentent plus 18,8 milliards d’euros en 2021 (plus de 60 % du total).
Les Etats-Unis demeurent le premier pays destinataire (4,3 Mds €), devant la Belgique (4,2 Mds €) et l’Allemagne (3,2 Mds €).
Une dynamique de croissance
Bien qu’en 2021 les exportations françaises soient légèrement en repli (– 1,35 %) par rapport à 2020, la dynamique est favorable depuis 2014. Jusqu’en 2018, la croissance annuelle des exportations était de 1,9 % en moyenne, grâce à l’intensification des échanges européens. Et les années 2019 et 2020 ont bénéficié d’un regain exceptionnel dû à la crise de la Covid-19.
Ce bon résultat est cependant à nuancer.
D’après une analyse réalisée annuellement par le Leem, sur les 404 médicaments autorisés en Europe entre 2016 et 2020, seulement 33 sont produits dans l’Hexagone, contre 82 en Allemagne, 68 au Royaume-Uni, 62 en Irlande et 42 en Espagne et 34 en Italie. En étant moins impliquée que ses voisins dans la production de nouveaux
médicaments, la France se prive dès lors des exportations dont elle aurait pu bénéficier, et se voit dans le même temps dans l’obligation de les importer.
Dans son étude annuelle sur la compétitivité française, publiée en juin 2019, Coe-Rexecode* a objectivé le recul des exportations de la France, et plus particulièrement de l’export pharmaceutique, par rapport à celles de ses voisins européens.
Tandis que la part des exportations françaises, tous produits confondus, dans celles de l’ensemble de la zone euro est passée de 17,2 % à 11,7 % (– 5,5 points) entre 2001 et 2018, cette part pour les seuls médicaments est passée de 20,8 % à 12,6 % (– 8,3 points) sur la même période.
* Centre d’observation économique et de recherche pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises
La régulation du marché domestique pèse sur la balance commerciale
Une étude menée par IQVIA * s’est intéressée aux conséquences des baisses de prix en France sur le chiffre d’affaires des laboratoires pharmaceutiques réalisé à l’international.
Les résultats montrent une corrélation non négligeable entre les décisions de baisses de prix prises en France et leur impact à l’international. En effet, dans le cadre du système des prix de référence internationaux, de nombreux pays se réfèrent aux prix des médicaments dans d’autres pays, dont la France, pour fixer et réguler ceux des médicaments sur leur marché.
Ainsi, il a été montré que lorsque 1 euro de chiffre d’affaires est perdu en France suite à une baisse de prix, la perte à l’international est de 0,46 euro.
Ce ratio est encore plus important lorsqu’on se concentre uniquement sur les produits fabriqués en France : 1 euro de perte en France entraîne 0,81 euro de perte de chiffre d’affaires à l’étranger.
Ces données démontrent donc que les conséquences des baisses de prix en France dépassent le marché français et sont délétères pour les exportations.
* « Analyse de l’impact des baisses de prix en France sur le CA à l’international », IQVIA, avril 2018
Des importations en augmentation
Les importations françaises ont continué d’augmenter en 2021 (+ 14,01 %), alors qu’elles avaient déjà bondi de 13 % en 2020. Ainsi, la France a importé pour 26,4 milliards d’euros de médicaments.
Plus de 38 % de ces produits proviennent d’Allemagne (14,8 %), des Etats-Unis (12,3 %) et d’Irlande (11,3 %).
A noter qu’en 2020, la part des importations de médicaments depuis l’Italie (+ 62 % entre 2019 et 2020) et la Grèce (+ 181 % entre 2019 et 2020) avait fortement augmenté dans un contexte de crise sanitaire, aux dépens de la Suisse (– 13,5 % entre 2019 et 2020).
Si les importations de médicaments depuis l’Italie et la Grèce ont diminué en 2021, elles restent supérieures à leur niveau d’avant pandémie. Quant aux importations depuis
la Suisse, elles bondissent de 67,2 % en 2021 et dépassent même les montants d’avant-crise (+ 16,5 % entre 2018 et 2021).
Le médicament, des rentrées de devises pour la France
Les échanges commerciaux de médicaments ont représenté, pour la France, un excédent commercial lié au médicament de 4,8 milliards d’euros en 2021, soit un montant en net recul (– 43 %) par rapport à celui de 2020. On constate une rupture de la dynamique des vingt dernières années, puisqu’il faut remonter aux années 2000 pour trouver un score aussi faible.
En 2021, l’industrie pharmaceutique représente toujours le 4e excédent commercial de la France
Le déficit de la balance commerciale de la France atteint, en 2021, un niveau record de – 84,7 milliards d’euros.
Cette dégradation du solde des échanges commerciaux s’explique en grande partie par l’explosion des prix mondiaux de l’énergie. La reprise des échanges commerciaux est hétérogène entre les différents secteurs industriels.
Ainsi, les secteurs du luxe et de l’agroalimentaire ont retrouvé leur niveau pré-Covid-19. L’automobile et l’aéronautique se redressent lentement, mais restent loin de leur niveau d’avant-crise sanitaire.
Les exportations de produits pharmaceutiques ont représenté 7,2 % des exportations totales derrière l’agroalimentaire (14,4 %), la chimie, parfums et cosmétiques (13,6 %), l’automobile (9,0 %) et l’aéronautique (7,5 %).
Comme en 2020, le secteur du médicament * se situe au 4e rang des secteurs industriels (hors matériel militaire) en termes d’excédent commercial dégagé.
* Médicaments à usage humain et vétérinaire, et parapharmacie.
Le commerce parallèle, un fléau majeur limitant l’amortissement de la recherche
La construction de l’Union européenne est fondée sur le principe de libre circulation des personnes et des marchandises entre les pays qui la composent.
Le médicament n’y échappe pas. L’importation parallèle intra-communautaire de médicaments trouve ses origines dans l’utilisation, par les intermédiaires commerciaux, d’une spécificité du marché intérieur européen : la coexistence de la libre circulation et du droit des Etats d’administrer le prix des médicaments remboursables.
Le commerce parallèle naît de décisions gouvernementales de certains pays d’Europe du Sud (la Grèce, la péninsule ibérique, mais aussi la France), où les prix sont administrés au préjudice d’autres pays qui disposent d’une liberté de prix. En pratique le commerce parallèle correspond à l’achat d’un médicament, par un distributeur, dans un pays à prix administré faible puis sa revente dans un pays où le prix est soit administré mais plus élevé, soit où le prix est libre.
Dans les Etats concernés, le commerce parallèle ne profite qu’aux intermédiaires et, exceptionnellement, aux organismes de protection sociale. Quant aux patients, ils sont exposés à des ruptures d’approvisionnement du marché français.
En 2020, le commerce parallèle européen était estimé à 6,07 milliards d’euros, sans que l’organisation de la distribution par les entreprises puisse y apporter de solutions satisfaisantes.
Il demeure une préoccupation essentielle pour les laboratoires.
Ainsi, en Allemagne, 3,1 milliards d’euros du chiffre d’affaires réalisé en ville provient de médicaments issus d’importation parallèle, soit 8,3 % du marché de ville.
Compte tenu des prix pratiqués, la France est surtout un pays d’exportation parallèle et la part des importations parallèles dans le marché français est négligeable.
L’essentiel
1 290 milliards de dollars
Chiffre d'affaires du marché mondial du médicament en 2021, dont 45 % est réalisé aux Etats-Unis.
Les 5 premiers groupes pharmaceutiques
représentent 22 % du marché mondial.
31,2 milliards d’euros
Montant des exportations de médicaments depuis la France, en 2021.
4,8 milliards d'euros
Excédent commercial généré par les échanges de médicaments en 2021.
Les États-Unis
Premier pays importateur de médicaments en provenance de France.
Le secteur du médicament
4e excédent commercial de la France en 2021.